Chloé Morin Parents – Expert dans les domaines des sondages d’opinion et des relations publiques; diplômé de Sciences Po et de la London School of Economics. Conseiller du Premier Ministre de 2012 à 2016. Professionnel de l’Association Jean-Jaurès. Chloé Morin, politologue et experte d’opinion de la Fondation Jean Jaurès, analyse les implications sociales de la crise et anticipe le paysage politique qui se dessinera dans son sillage.
Ce qui m’a frappé, et que le mandat Hollande illustre clairement, c’est que cela n’a pas altéré la perception qu’a le public du caractère et des principes du président. La crise sert de catalyseur. Ce qui ressort des remarques françaises sur Macron, ce sont les mêmes mépris, arrogance et aliénation qui avaient été imposés pendant trois ans.
Le côté actif et volontaire des choses. L’image de Macron n’a pas fondamentalement changé, mais la crise a fait ressortir le meilleur (et le pire) en lui. Par conséquent, il ne s’agit pas d’une scission, mais plutôt d’établir davantage sa réputation.
Que se passe-t-il lorsque le mouvement constant qui définit la macroéconomie ralentit?
Les idéaux qui entouraient le macronisme étaient ceux du libéralisme ouvert, de l’efficacité et de la production afin de rattraper les autres pays. D’abord et avant tout, des concepts comme la protection et la souveraineté font leur retour en raison de cette situation.
Dans le cas de la réforme du chômage, par exemple, l’idée était de faire comprendre aux salariés qu’ils devraient être plus adaptables et flexibles pour percevoir des allocations, mais qu’ils pourraient mieux se rétablir dans un marché du travail plus mobile. Je prédis que nous finirons par abandonner cette réforme temporairement interrompue du système de chômage et que nous reviendrons à la priorité à la protection plutôt qu’à la simplification.
Peut-on dire que le virage social imposé du millénaire s’est enraciné?
L’émergence du mouvement des gilets jaunes et la sédimentation consécutive associée au mouvement des départs à la retraite soulèvent de graves questions sociales. Là, une troisième couche est introduite : la croyance que les personnes qui tenaient la nation à distance avaient un emploi moins considéré ou moins bien rémunéré. Cela relance la question sociale et suscite un besoin de réparation.
L’impact de la crise incitera le pays à se serrer les coudes et à assurer sa stabilité. Je crois qu’il sera difficile dans les mois à venir de mener des réformes qui ne seraient pas perçues, notamment par les catégories moyennes et populaires, comme fondamentalement justes, car en France, la cohésion ne se fait qu’au prix de la justice. Avec le politologue Jérome Fourquet, nous avions montré que les deux partageaient des caractéristiques essentielles.
C’est-à-dire une expérience partagée d’abus non seulement monétaire mais aussi symbolique pour ce que vous apportez à l’économie et à la société. Avant le mouvement des gilets jaunes, il était largement admis que l’effondrement de la société avait rendu la conscience de classe et l’unité impossibles.
Les personnes les plus pauvres ont également tendance à être les plus attachées à l’idéologie du chacun pour soi, qui a dévasté l’État-providence. Le mouvement Yellow Vest a prouvé qu’il est possible d’avoir une compréhension commune du monde qui ne soit pas façonnée par les croyances des partis politiques établis. par les gens eux-mêmes, une fois qu’ils réalisent qu’ils partagent des objectifs et s’organisent pour les atteindre.
A partir de là, je crois qu’un autre mouvement de ce type peut émerger. Le défi auquel nous sommes confrontés dans les mois à venir est que, si les taux de chômage montent en flèche, la dynamique du pouvoir sur le marché du travail s’inclinera tellement en défaveur des travailleurs que, par crainte pour leur emploi, les tensions sociales s’exprimeront moins sur le lieu de travail et davantage sur l’arène politique.
Cela ne peut donc plus conduire à des grèves ou à des occupations industrielles mais plutôt à des actions directes dans la rue avec des revendications adressées directement aux autorités. En ce qui concerne les besoins immédiats, nous pouvons aider ceux qui ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins alimentaires. N’oublions jamais que l’insécurité alimentaire est un contributeur majeur à la révolution.
Une préoccupation majeure dans les mois à venir sera de savoir si tout le monde a assez à manger ou non. Cela ne peut donc plus conduire à des grèves ou à des occupations industrielles mais plutôt à des actions directes dans la rue avec des revendications adressées directement aux autorités. En ce qui concerne les besoins immédiats, nous pouvons aider ceux qui ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins alimentaires.
N’oublions jamais que l’insécurité alimentaire est un contributeur majeur à la révolution. Une préoccupation majeure dans les mois à venir sera de savoir si tout le monde a assez à manger ou non. Cela ne peut donc plus conduire à des grèves ou à des occupations industrielles mais plutôt à des actions directes dans la rue avec des revendications adressées directement aux autorités.
En ce qui concerne les besoins immédiats, nous pouvons aider ceux qui ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins alimentaires. N’oublions jamais que l’insécurité alimentaire est un contributeur majeur à la révolution. Une préoccupation majeure dans les mois à venir sera de savoir si tout le monde a assez à manger ou non. Lorsque nous demandons aux PDG comment ils se sentent, nousn entendent qu’ils ont peur et que des licenciements sont imminents.
Fait intéressant, des études montrent que 65 % des répondants français sont optimistes quant à la capacité de leur entreprise à surmonter le ralentissement économique. Les mesures du gouvernement pour maintenir l’économie sous assistance respiratoire, à mon avis, ont été couronnées de succès. S’il n’y a pas de deuxième vague, les prochains mois seront consacrés à se préoccuper davantage de l’économie et de la société que de la santé.
Les gens devront oublier la crise sanitaire pour deux raisons : premièrement, c’est dans la nature humaine d’éviter de penser à la mort et à l’effroi. Deuxièmement, on recommencera, ce que les Français croiront à tort comme une amélioration. Il y aura une secousse dans le psychisme des gens.
Le gouvernement reconnaît la nature critique de ce problème et le traite comme tel. Symboliquement, il serait difficile de renier les vacances françaises après s’être vu refuser le printemps et le retour d’une météo clémente. Il serait impensable d’interdire toute sorte de vacances en France, où de nombreuses personnes sortent de la crise psychologiquement fragilisées et incapables de se projeter pendant deux mois.
Nous devrons faire preuve de créativité et trouver un moyen de diviser la France, comme par écoles ou quelque chose comme ça. À moins qu’il n’y ait une deuxième vague tout aussi dévastatrice, je ne pense pas que le gouvernement puisse présumer en toute sécurité qu’il pourra empêcher les Français de profiter de leurs vacances d’été.
Quelle est la santé mentale de la population juste avant sa sortie de confinement?
Nous vivons actuellement le conflit entre l’espoir (l’envie de sortir et de respirer profondément) et la terreur profonde. Étant donné que le public est conscient que le virus est toujours présent et qu’une deuxième épidémie est possible, peu sont prêts à retourner au travail. Le déconfinement consiste à s’aventurer au grand jour après s’être protégés les uns des autres au milieu de la tempête.
Les employeurs font face à une barrière psychologique et doivent intervenir en encourageant et en rassurant le personnel. Il y a beaucoup d’attentes placées sur l’école, ainsi que sur le gouvernement et les pouvoirs publics, pour que le déconfinement se déroule dans le cadre le plus sûr possible. D’une manière générale, je crois que les gens voudront oublier la guerre et revenir à l’époque des “années folles” à condition que le déconfinement soit bien géré.
Que pensent les gens de ce que fait le gouvernement?
Des indices suggéraient une tentative réflexive de se rallier au chef durant les premiers jours de captivité. Une fois que les fissures ont commencé, elles se sont propagées rapidement. Consolidant alors que l’isolement se poursuit, la grille de lecture imposée par la question des masques est l’idée que le gouvernement n’a pas vu cela venir, a agi trop peu et trop tard, et n’a pas été assez dur. conformément aux directives.
Le fait que nous soyons revenus à des décisions antérieures qui étaient au mieux floues. La question de la tromperie et du mensonge s’est posée plus tard. L’incompétence masquée par le mensonge. Le bais de confirmation est un piège pour tout type de communication, et il servira à lire les occurrences.
Comment Macron devrait-il se comporter pendant ses deux dernières années au pouvoir?
Utiliser l’imaginaire collectif d’un pays est la stratégie la plus efficace. Y compris des indices à rechercher lors des grands conflits du passé. La tentative de Sarkozy d’imposer l’histoire d’un rebond après la crise de 2008 a échoué. L’année comparable est 1945. Ce problème se produit à un point de basculement climatique.
Macron pourrait s’en servir pour révéler l’histoire de la reconstruction et de la création d’un nouveau modèle, ravivant l’esprit radical et perturbateur qui sommeillait en lui depuis trois ans. Quand les gens déménagent, quand l’électricité est coupée un moment, quand les métiers du soignant (nourrir, soigner) sont remis en question. Avoir un système de soutien plus large vous aide à maintenir votre position d’autorité.
Du fait de sa souplesse idéologique, Macron peut opérer ce virage sans compromettre le volontarisme qui le caractérise. S’il substitue au libéralisme un vocabulaire plus ambitieux, alors peu importe qu’il ait abandonné le libéralisme. Nous souhaitons que l’opposition soit plus redoutable pendant cette crise, mais au cours des trois dernières années, elle n’a pas été en mesure de relever un défi.
ncG1vNJzZmillZm2or%2FCnqOemqKawG%2BvzqZmnKCcpLJuuc6roKdloJa%2FprrTrGY%3D